A peine a-t-il
indique cette chance supreme que Baston, excellent coureur, s'offre
a lui pour tenter l'aventure. Le major, transporte de joie d'un tel
devouement, prodigue a ce brave les temoignages d'amitie; il fait ouvrir
la porte et protege la sortie de cet audacieux soldat par des decharges
bien nourries.
Baston est assez heureux pour traverser les feux des Iroquois sans
recevoir aucune blessure; il arrive bientot au fort et en revient
immediatement avec dix hommes, conduisant deux pieces de campagne,
pretes a tirer, et des cartouches. Pour aller au fort a la maison
assiegee, on profite d'un rideau qui cachait aux Iroquois l'arrivee de
cet inappreciable renfort. Des qu'on se trouve a decouvert, on decharge
sur les Iroquois les deux petites pieces de campagne, et M. Closse ayant
fait au meme moment une sortie, le renfort put entrer dans la petite
maison. Des qu'il y fut arrive, le feu eclate avec une nouvelle
intensite pour montrer aux Iroquois "si cette poudre nouvelle valait
bien la precedente."
Les choses changent alors rapidement de face; les Iroquois comprenant
que ce siege devient trop meurtrier pour eux, se decident a battre en
retraite. Mais pendant cette retraite qui degenera bientot en deroute
complete, ils furent assaillis par de nouvelles decharges qui tuerent
plusieurs de ces sauvages. On ne put savoir les pertes qu'ils firent
dans cette rencontre si meurtriere pour eux, parce que, quoiqu'ils aient
eu beaucoup de morts, ils les emporterent presque tous et parce que,
selon leur habitude, ils se garderent de se vanter des gens qu'ils
avaient perdus. "Il est vrai, dit M. Dollier de Casson, en parlant de ce
combat, que les Iroquois n'ont pu se taire absolument et que exagerant
leurs pertes, ils les ont exprimees en ces termes: _Nous sommes tous
morts._ Quant aux blesses, ils ont avoue dans la suite trente-sept
guerriers completement estropies par suite de cette action."
Au sujet de la coutume des Iroquois d'emporter leurs morts, voici ce que
remarque M. Dollier de Casson: "Quoique ces barbares ne soient pas tres
forts, ils ont cependant une force etonnante pour porter des fardeaux,
chacun pouvant avoir sur ses epaules la charge d'un mulet et s'enfuir
ainsi avec un mort ou un blesse, comme s'il ne portait presque rien,
c'est pourquoi il ne faut pas s'etonner si, apres les combats, on trouve
si peu de leurs morts puisqu'ils font tant d'efforts pour les emporter."
Quant aux Francais, ils ne perdirent d
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