parce que sur ces bords, la plupart des
phenomenes sont equivoques. Ainsi la plante nous paroit se rapprocher de
la pierre, mais n'en approche jamais reellement.
"On eprouve la meme difficulte a classer les montagnes; et quoique
depuis quelque tems plusieurs naturalistes ayent aussi observe qu'elles
n'ont pas toutes la meme origine, je ne vois pas qu'on soit parvenu a
fixer des caracteres infaillibles, pour les placer surement toutes dans
leurs classes particulieres.
"Apres avoir examine attentivement cet objet, d'apres les phenomenes que
j'ai moi-meme observes, et ce que j'ai appris par les observations des
autres; j'ai vu que c'etoit la un champ tres vaste, quand on vouloit
l'embrasser en entier, et trop vaste pour moi, qui n'etoit pas libre d'y
consacrer tout le tems qu'il exige. Je me suis donc replie sur mon objet
principal, savoir _la cause qui a laisse des depouilles marines dans nos
continens_, et l'examen des hypotheses sur cette matiere.
"Les phenomenes ainsi limites, se reduisent a ceci: qu'il y a dans nos
continens des montagnes visiblement formees par des _depots successifs
de la mer_ et a l'egard des quelles il n'y a besoin de rien imaginer, si
ce n'est la maniere dont elles en sont sorties: qu'il y en a d'autres au
contraire, qui ne portent aucun des caracteres de cette cause, et qui,
si elles ont ete produites dans la _mer_, doivent etre l'effet de toute
autre cause que de simples depots successifs, et avoir meme precede
l'existence des animaux marins. J'abandonne donc les classes confuses
ou ces caracteres sont equivoques, jusqu'a ce qu'elles servent a fonder
quelque hypothese; ayant assez de ces deux classes tres distinctes pour
examiner d'apres elles tous les systemes qui me sont connus.
"La ou ces deux classes de montagnes sont melees, on remarque que celles
qui sont formees par _couches_, et qui renferment des _corps marins_,
recouvrent souvent celles de l'autre classe, mais n'en sont jamais
recouvertes. On a donc naturellement conclu, que lors meme que la _mer_
auroit en quelque part a la formation des montagnes ou l'on ne reconnoit
pas son caractere, celles auxquelles elle a travaille seule, en enlevant
des matieres dans certaines parties de son fond et les deposant dans
d'autres, font au moins les dernieres formees. On les a donc nommees
_secondaires_, et les autres _primitives_.
"J'adopterai la premiere de ces expressions; car c'est la meme qui nous
etoit venu a l'esprit a mon frere, et
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