a me
servir. Vous etes sur d'etre bien accueilli a Chateaubrun: allez-y souvent,
aussi souvent que mon fils; faites-vous l'ami de la maison. Le caractere
facile du pere Antoine vous y aidera. Voyez, observez, et rapportez-moi
tout ce qui s'y passe. Si votre presence contrarie mon fils, il sera
demontre que le danger existe; s'il cherche a vous faire econduire, tenez
bon, et posez-vous sans hesitation en pretendant a la main de la
demoiselle.
--Et si l'on m'accepte?
--Tant mieux pour vous!
--C'est selon, Monsieur, jusqu'ou auront ete les choses entre elle et votre
fils.
--Il faudrait que vous fussiez bien simple pour ne pas avoir le temps et
l'adresse de savoir a quoi vous en tenir, puisque vous allez la en
observateur.
--Et si je m'apercois que j'arrive trop tard?
--Vous vous retirerez.
--J'aurai fait la une drole de campagne, et M. Emile m'en voudra.
--Galuchet, je ne demande rien pour rien. Certes, tout cela ne se fera pas
sans quelque ennui et quelque desagrement pour vous; mais il y a une bonne
gratification au bout de tous les sacrifices que je vous demande.
--Ca suffit, Monsieur, et je n'ai plus qu'un mot a dire: c'est que, dans le
cas ou la fille me conviendrait, et si je venais a lui convenir aussi, je
serais trop pauvre, a l'heure qu'il est, pour entrer en menage.
--Nous avons deja prevu ce cas. Je vous aiderais a vous faire une position.
Par exemple, vous vous engageriez a me servir pendant un temps donne, et je
vous ferais une avance de cinq mille francs sur vos honoraires, plus un don
de cinq mille francs, si c'etait necessaire.
--Ce n'est plus une plaisanterie, une supposition, ca? dit Galuchet en se
grattant la tete plus fort que jamais.
--Je ne plaisante pas souvent, vous devez le savoir, et cette fois-ci je ne
plaisante plus du tout.
--C'est entendu, Monsieur; vous avez trop d'honnetetes pour moi. Je vas me
planter en faction a cote de M. Emile, et il sera bien fin si je le perds
de vue!"
"Il sera plus fin que toi, et ce ne sera pas difficile, pensa M. Cardonnet
des que Galuchet se fut retire, mais il suffira qu'il ait un rival de ton
espece pour se sentir bientot humilie de son choix; et si l'on prefere un
lourdaud d'epouseur comme toi a un beau soupirant de rencontre comme lui,
il aura recu une assez bonne lecon. Dans ce cas-la, un petit sacrifice pour
l'etablissement de M. Galuchet ne serait pas la mer a boire, d'autant plus
que cela le retiendrait a mon service et coup
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