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* * * * * Quand les Malandain furent rentres dans leur chaumiere, la derniere du hameau de la Sabliere, sur la route de Fourville, le pere, un vieux petit paysan sec et ride, s'assit devant la table, pendant que sa femme decrochait la marmite et que sa fille Adelaide prenait dans le buffet les verres et les assiettes, et il dit: "Ca s'rait p't'etre bon, c'te place chez maitr' Omont, vu que le v'la veuf, que sa bru l'aime pas, qu'il est seul et qu'il a d'quoi. J'ferions p't'etre ben d'y envoyer Adelaide." La femme posa sur la table la marmite toute noire, enleva le couvercle, et, pendant que montait au plafond une vapeur de soupe pleine d'une odeur de choux, elle reflechit. L'homme reprit: "Il a d'quoi, pour sur. Mais qu'il faudrait etre degourdi et qu'Adelaide l'est pas un brin." La femme alors articula: "J'pourrions voir tout d'meme." Puis, se tournant vers sa fille, une gaillarde a l'air niais, aux cheveux jaunes, aux grosses joues rouges comme la peau des pommes, elle cria: "T'entends, grande bete. T'iras chez mait' Omont t'proposer comme servante, et tu f'ras tout c'qu'il te commandera." La fille se mit a rire sottement sans repondre. Puis tous trois commencerent a manger. Au bout de dix minutes, le pere reprit: "Ecoute un mot, la fille, et tache d'n' point te mettre en defaut sur ce que j'vas te dire...." Et il lui traca en termes lents et minutieux toute une regle de conduite, prevoyant les moindres details, la preparant a cette conquete d'un vieux veuf mal avec sa famille. La mere avait cesse de manger pour ecouter et elle demeurait, la fourchette a la main, les yeux sur son homme et sur sa fille tour a tour, suivant cette instruction avec une attention concentree et muette. Adelaide restait inerte, le regard errant et vague, docile et stupide. Des que le repas fut termine la mere lui fit mettre son bonnet, et elles partirent toutes deux pour aller trouver M. Cesaire Omont. Il habitait une sorte de petit pavillon de briques adosse aux batiments d'exploitation qu'occupaient ses fermiers. Car il s'etait retire du faire-valoir, pour vivre de ses rentes. Il avait environ cinquante-cinq ans; il etait gros, Jovial et bourru comme un homme riche. Il riait et criait a faire tomber les murs, buvait du cidre et de l'eau-de-vie a pleins verres, et passait encore pour chaud, malgre son age. Il aimait a se promener dans les champs, les mains derriere le dos, enfoncan
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