iere
et c'en est fait! il va se briser sur les dalles de la nef, a deux
cents pieds au-dessous! Un macon etait la qui vit l'imminence du
danger; mais que faire? Appeler l'artiste, l'avertir? Le peintre,
absorbe par sa contemplation, ne l'eut pas entendu! Se precipiter
vers lui pour le retenir? C'eut[1] ete reveiller un somnambule!
Par une heureuse inspiration, plus prompt que l'eclair il saisit
un pinceau et en barbouille la plus belle figure du chef-d'oeuvre.
L'artiste, furieux, s'elance sur lui: "Frappez, vous etes sauve!"
dit l'ouvrier si heureusement inspire. Deux mots d'explication
changerent la colere du peintre en une profonde reconnaissance.
[Footnote 1: Why subjunctive?]
Ou le peintre travaillait-il?--A quoi pensait-il?--Pourquoi s'est-il
recule?--Qu'est-ce qui serait arrive s'il avait fait un pas de
plus?--Qui s'est apercu du danger?--Pouvait-il appeler le
peintre?--Le peintre l'aurait-il entendu?--Quelle inspiration
le macon a-t-il eue?--Qu'est-ce que le peintre a cru?--A-t-il
ete facile de lui expliquer la situation?--A-t-il remercie le
macon?
Quels sont, dans cette histoire, les mots les plus usuels? Les
plus difficiles?
44. LE MELON DE MAYENNE
Le duc de Mayenne, gros, gras et gourmand, etait plutot bon
gastronome qu'habile general. A l'epoque ou il conduisait les
troupes indisciplinees de la Ligue contre l'infatigable Henri
IV, son extreme gloutonnerie l'a fait un jour battre a plate
couture.
Il avait recu de fort bons melons, d'apparence succulente, et
achevait un copieux repas en faisant largement honneur a ces
delicieuses cucurbitacees.
Deja un nombre considerable de tranches s'etaient succede dans
l'estomac complaisant de ce nouveau Gargantua, quand on vint
lui annoncer que la cavalerie de Henri IV, emportee par sa folle
audace, s'etait engagee dans un taillis inextricable. "Il faut, sans
delai, lui courir sus, declarerent aussitot tous les lieutenants
du duc.--Attendez au moins que j'aie[1] fini mon melon," repondit
Mayenne. Et il fallut attendre. En vain insistait-on; en vain, a
chaque minute, un officier accourait-il, la mine inquiete, pour
supplier le duc de se hater. "J'aurai bientot fini," repetait-il
en continuant d'engloutir des bouchees enormes. Quand l'entete
mangeur se fut decide enfin a quitter la table et qu'il eut donne
le signal de l'attaque, le grog de l'armee ennemie s'etait
rapprochee, l'occasion etait perdue. La bataille le fut aussi
pour le plus negligent des
|