trouver et le decida a marcher avec lui sur
Saverne[105], ou le roi de Germanie Henri Ier avait laisse une
garnison. Le siege dura une bonne partie de l'automne et se termina
par la capitulation des gens d'Henri Ier qui, ne se voyant pas
secourus par leur suzerain, comme ils y avaient compte, se resolurent
a livrer des otages.[106]
En revenant a Laon, Raoul trouva la reine Emma qui, de sa propre
autorite, venait de se faire consacrer reine par l'archeveque de Reims
Seulf. Ce fait decele a la fois l'ambition et l'esprit d'initiative de
la fille du roi Robert[107]: sachant la vie de son mari en danger dans
le voyage sur territoire lorrain, elle avait pris ses precautions pour
etre assuree de jouer un role en cas de malheur.
Un certain nombre de seigneurs lorrains, et non des moindres, avaient
prefere se tourner du cote du roi de Germanie plutot que de
reconnaitre celui qu'ils consideraient comme un usurpateur. Le duc
Gilbert et l'archeveque de Treves appelerent Henri Ier en Lorraine:
celui-ci accourut aussitot et, passant le Rhin, commenca le pillage du
pays, comptant sur de nouvelles defections. L'effet produit fut tout
le contraire: malgre la reputation d'inconstance des Lorrains, il n'y
eut guere d'autre defection que celle d'Otton, fils de Ricoin, ennemi
personnel de Raoul[108]. La nouvelle que le roi de France se
disposait a marcher contre l'envahisseur avec une puissante armee,
recrutee tant en France qu'en Bourgogne, decida Henri a mettre son
butin en surete sur l'autre rive du Rhin. Il se hata de conclure avec
les Lorrains un armistice jusqu'au Ier octobre de l'annee suivante,
emmenant avec lui de nombreux otages et des troupeaux entiers captures
entre Rhin et Moselle.[109]
L'influence francaise etait preponderante dans le pays, surtout vers
la partie meridionale. Guerri de Metz s'empara de Saverne dont il fit
raser le chateau-fort, et a la mort de l'eveque de Verdun, Dadon,
Raoul donna l'eveche a un certain Hugues auquel Seulf confera la
pretrise[110]. Les Lorrains paraissaient accepter avec un certain
enthousiasme la souverainete bourguignonne, qui pouvait leur sembler
un acheminement vers l'autonomie et un retour a leur preponderance
ephemere de jadis, au temps du "royaume de Lothaire Ier".
Cependant Hugues et Herbert, secondes par l'archeveque de Reims Seulf,
avaient protege contre les Normands leurs domaines de la rive gauche
de l'Oise au moyen d'une armee de couverture. Il n'y eut pas de
rencontre
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