de la, au debut de l'annee
933, la recompense de cet acte de haute impartialite. Les deputes
qu'il avait envoyes aupres du pape Jean XI, Gison et Amaury, revinrent
de Home, lui rapportant le _pallium_, l'insigne reserve aux seuls
archeveques[260]. Cette reconnaissance formelle par le Saint-Siege lui
etait infiniment precieuse, car l'intronisation de Hugues se
Vermandois avait obtenu jadis l'assentiment du pape Jean X, et au
point de vue du droit canon, seule une decision pontificale pouvait en
reformer une autre.
Vers 933 Rodolphe II, roi de Bourgogne, obtint de Hugues d'Italie
l'abandon de ses droits a la souverainete sur la Provence, et
constitua ainsi le "royaume d'Arles"[261]. Raoul qui pretendait a la
suzerainete sur Vienne, l'ancienne capitale des rois de Provence,
Boson et Louis, craignit de se trouver evince par Rodolphe a la suite
de cet accord passe en dehors de lui. Il descendit avec une armee la
vallee du Rhone et se fit recevoir comme suzerain dans la cite, ou
commandait Charles-Constantin[262]. D'autre part son frere Boson,
epoux de Berthe, niece de Hugues, en possession des comtes d'Arles et
d'Avignon, dominait en Provence depuis que son beau-pere etait parti
chercher fortune en Toscane[263]. Vers cette epoque Raoul put
s'intituler avec raison, dans ses diplomes, _rex Francorum,
Aquitanorum et Burgundionum_[264]. Le roi de Germanie, Henri 1er,
occupe a combattre les Hongrois qu'il finit par ecraser cette annee
meme sur les bords de l'Unstrutt (le 15 mars) n'avait pas pu
intervenir.
Revenu dans le nord, Raoul obtint enfin la soumission de la Normandie:
le jeune "marquis" Guillaume, fils de Rollon, n'etant plus retenu par
ses obligations a l'egard de Charles le Simple, se decida a lui preter
hommage. Il recut en recompense une partie du littoral contigu a la
Bretagne, probablement l'Avranchin et le Cotentin[265]. Depuis
plusieurs annees, deja, la lutte la plus vive etait engagee entre
Normands et Bretons. Un soulevement general, suivi d'un massacre des
Normands de Felecan, avait eu lieu en 931[266]. Pris entre les deux
colonies scandinaves de la Seine et de la Loire, les Bretons avaient a
combattre sans cesse, sur leurs frontieres, des envahisseurs obstines
et intrepides, conduits par des chefs comme Ingon, qui parait avoir
succede a Roegnvald, ou Guillaume Longue-Epee. Ce dernier reussit a
avoir le dessus dans les combats livres aux confins de la Bretagne,
mais il ne put jamais etendre sa suzerainete
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