sur la peninsule
elle-meme ou un peu plus tard le comte Alain Barbe-Torte, aide par des
secours anglo-saxons, parvint a former une unite feodale solidement
constituee[267]. Guillaume avait neanmoins interet a faire confirmer
les droits concedes sur ce pays par Charles le Simple a son pere et a
faire reconnaitre la legitimite de ses dernieres conquetes. Ces
raisons se presentent naturellement a l'esprit, quand on cherche a
comprendre la cause du changement si considerable et si gros de
consequences qui se produisit dans l'attitude de Guillaume.
Encourage par ce magnifique succes qui affermissait son pouvoir
souverain, Raoul reprit la lutte contre le Vermandois avec une
nouvelle ardeur. Accompagne de la reine Emma et d'une armee puissante,
composee en partie de milices ecclesiastiques, il alla camper devant
Chateau-Thierry. Les archeveques de Tours et de Reims, Teotolon et
Artaud, qui etaient avec lui, profiterent de la presence de plusieurs
de leurs suffragants et de quelques eveques bourguignons pour reunir
un synode, ou Heudegier fut consacre eveque de Beauvais. Le siege dura
six semaines, et la place ne fut prise que grace a la trahison de son
chef Walon, qui consentit a preter l'hommage a la reine Emma a
condition de garder son poste[268].
Ham qui s'etait rendu au roi l'annee precedente, etait retourne au
parti d'Herbert. Le fils de ce dernier, Eudes, l'occupa et s'en servit
comme base pour aller piller les environs de Soissons et de Noyon.
L'abbesse de Notre-Dame de Soissons fut obligee de solliciter la
generosite royale, pour trouver un abri aux chanoines de Saint-Pierre
dont les habitations et le cloitre avaient ete detruits par
l'incendie[269].
Une tentative hardie d'Herbert sur Saint-Quentin put reussir, mais ce
ne fut qu'un succes passager. Les habitants de la ville avaient une
certaine repugnance a combattre pour Hugues, leur nouveau maitre: ils
faciliterent l'assaut au comte de Vermandois qui y rentra des le
troisieme jour du siege. La faible garnison laissee par Hugues obtint
de se retirer, en promettant une neutralite absolue pendant la suite
des hostilites. Herbert s'eloigna, confiant la garde de la ville, dont
il s'exagerait l'attachement, a un tres petit nombre des siens. Hugues
accourut presque aussitot, s'empara pour la seconde fois de
Saint-Quentin et punit severement la tiedeur des habitants: plusieurs
furent mutiles et un clerc noble appele Treduin, qu'Herbert avait
recemment amene, fut pend
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