Versailles_. Tel hotel, dejeuner, diner et chambre: tant. V.C.
(ce qui veut dire: vin compris). On est bien. Prendre le cafe en
face. L'hotel n'est pas loin de la gare, on peut y aller a pied,
meme s'il pleut.
Tournez la page, et vous verrez au-dessous de la note qui regarde
Chartres une petite ligne ecrite au crayon:
Descendre a l'hotel.... Eviter le vin. Demander si la cuisiniere
Anna, une petite brune, est toujours la!
Et un point d'exclamation mysterieux termine cette phrase enigmatique!
Dazincourt s'est donc rendu a l'hotel que lui a recommande son petit
vade mecum, il donne un bonjour amical aux patrons de l'hotel, s'informe
de la sante des enfants, qu'il trouve grandis depuis _Michel
Strogoff_--la derniere tournee qui l'a amene ici,--monte au 17, sa
chambre habituelle, ouvre la fenetre pour changer l'air, eventre le lit,
tate les draps pour s'assurer de leur secheresse, souleve un coin du
matelas, a la tete du lit, pour se tranquilliser au sujet des ...
petites trotteuses anthropophages, reborde le drap et, cette derniere
inspection faite, consulte sa montre. Il n'est que cinq heures. Si la
ville dont Dazincourt foule le pave est une ville de garnison, notre
artiste se dirige au cafe des officiers: l'absinthe y est toujours de
premier choix.
Six heures. Dazincourt rentre diner: c'est l'heure de la table d'hote,
le meilleur repas, il ne faut pas le rater. Mon Dieu, oui, a six heures,
le service des tables d'hote est toujours si mortellement long, il faut
diner sans se presser.
Son dessert pris, le comedien descend a la cuisine, et, sachant que, le
lendemain, le depart a lieu dans la matinee, bien avant l'heure du repas
ordinaire, il offre _deux entrees_ au chef, afin que ce Vatel de
province, reconnaissant de la bonne soiree passee la veille, lui trousse
a son choix un petit dejeuner des plus congruents ... et au vin blanc
(le matin, c'est le meme prix, et ca change).
En suite, Dazincourt se dirige lentement vers le theatre, en fumant avec
onction sa vieille bouffarde, Josephine.
Il s'habille sans se presser et joue de meme, en pontifiant un brin. Le
rideau baisse sur le dernier acte, l'acteur se degrime et se rhabille
avec la meme regularite methodique.
Ici, un detail bien caracteristique:
Afin d'eviter l'odeur rance des fards qui empesteraient sa malle et ses
effets, Dazincourt se demaquille avec de petits frottoirs que sa femme
lui a fabriques avec de vieilles chemises en p
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