tte premiere
periode de troubles[40].
Bientot de nouvelles difficultes surgirent. Le 31 aout 921 mourut le
duc de Bourgogne Richard le Justicier, qui etait, avec le marquis
Robert, le plus puissant des grands vassaux, mais aussi l'un des
hommes les plus capables du royaume[41]. Il avait lutte
victorieusement contre les Normands, et avait toujours su gouverner
avec autorite ses vastes domaines, ne craignant pas de resister aux
empietements des puissances ecclesiastiques, seculieres ou regulieres,
et allant meme jusqu'a s'emparer par la force des biens d'Eglise,
comme du reste presque tous les princes laiques de son temps, quand la
necessite s'en presentait. Charles perdit en lui un fidele partisan:
s'il n'en avait recu aucun secours dans le dernier conflit avec les
grands, il avait du moins rencontre de son cote une bienveillante
neutralite, et il semblait meme que celle-ci dut un jour ou l'autre se
changer en cooperation effective. La mort de Richard bouleversa la
face des choses. Son fils Raoul qui avait epouse Emma, fille du
marquis Robert, fut attire dans le parti des mecontents par son
beau-pere qui en etait le chef. Pour comble de malheur, Charles vit
encore l'archeveque de Reims, d'abord condamne a l'inaction par une
grave maladie pendant les troubles de 922, abandonner ensuite
totalement sa cause, sans que nous puissions demeler la raison
veritable de cette defection.
La concession de l'abbaye de Chelles[42] faite par le roi a Haganon
determina un nouveau soulevement. Charles avait enleve l'abbaye a sa
tante Rohaut qui etait devenue belle-mere de Hugues, fils de
Robert[43]. Cet acte revetait le double caractere d'une spoliation et
d'une menace. C'etait une dependance arrachee au coeur meme des
domaines patrimoniaux de Robert et donnee comme poste d'observation et
de combat a un ennemi hai et meprise. Une nouvelle periode
d'hostilites s'ensuivit. Les operations eurent lieu en Remois,
Laonnais et Soissonnais, et se reduisirent a des incursions de part et
d'autre, a des pillages et a des incendies. A plusieurs reprises,
Charles s'enfuit, avec Haganon, jusqu'en Lorraine, et en revint avec
des troupes fraiches levees parmi les elements hostiles au duc ou les
vassaux ecclesiastiques. Le duc de Lorraine, Gilbert, le duc de
Bourgogne Raoul, enfin l'archeveque de Reims Herve s'etaient ranges du
cote du marquis Robert[44].
Apres la defaite de Laon, Charles fut contraint, par suite de la
dispersion totale de son arm
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