rondelles volent bas! Pour expliquer la tristesse de ce beau pays
parseme de chateaux vides, hante par le souvenir des fetes d'autrefois,
il faudrait tout un orchestre. Je l'entends d'abord sur les violons;
plus tard on ajouterait d'autres instruments, des cors sans doute; mais
pour rendre la tristesse de mon pauvre pays la bas il ne faut drait pas
tout cela. Je l'entends tres bien sur une seule flute placee dans une
ile entouree des eaux d'un lac, le joueur assis sur les vagues ruines
d'un reduit gallois ou bien Normand. Mais, cher ami, vous etes Normand
et peut-etre bien que ce sent vos ancetres qui out pille mon pays; c'est
une raison de plus pour que je vous offre ce roman. Acceptez-le sans le
connaitre davantage et n'essayez pas de le lire; ne vous donnez pas la
peine d'apprendre l'anglais pour lire 'Le Lac'; que le lac ne soit
jamais traverse par vous! Et parce que vous allez rester fatalement sur
le bord de 'mon lac' j'ai un double plaisir a vous le dedier. Lorsqu'on
dedie un livre, on prevoit l'heure ou l'ami le prend, jette un coup
d'oeil et dit: 'Pourquoi m'a-t-il dedie une niaiserie pareille?' Toutes
les choses de l'esprit, sauf les plus grandes, deviennent niaiseries tot
ou tard. Votre ignorance de ma langue m'epargne cette heure fatale. Pour
vous, mon livre sera toujours une belle et noble chose. Il ne peut
jamais devenir pour vous banal comme une epouse. II sera pour vous une
vierge, mieux qu'une vierge, il sera pour vous une demi-vierge. Chaque
fois que vous l'ouvrirez, vous penserez a des annees ecoulees, au
jardin ou les rossignols chantent, a la foret ou rien ne se passe sauf
la chute des feuilles, a nos promenades a Valvins pour voir le cher
bonhomme; vous penserez a votre jeunesse et peut-etre un peu a la
mienne. Mais je veux que vous lisiez cette dedicace, et c'est pour cela
que je l'ai ecrite en francais, dans un francais qui vous est tres
familier, le mien. Si je l'ecrivais en anglais et le faisais traduire
dans le langage a la derniere mode de Paris, vous ne retrouveriez pas
les accents barbares de votre vieil ami. Ils sont barbares, je le
concois, mais il y a des chiens qui sont laids et que l'on finit par
aimer.
Une poignee de mains,
GEORGES MOORE.
PREFACE
The concern of this preface is with the mistake that was made when 'The
Lake' was excluded from the volume entitled 'The Untilled Field,'
reducing it to too slight dimensions, for bulk counts; and 'The Lake,'
too, in being pu
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