enfant. Il le
soignait jour et nuit sans fermer l'oeil. Il le croyait sauve; il
m'ecrivait victoire. Une rechute terrible a fait echouer tous les soins.
Enfin, il faut supporter cela aussi!
Ne vous inquietez pas de nous. Le plus rude est passe. A present, la
reflexion sera amere pendant bien longtemps. M. Dudevant a ete aussi
affecte qu'il peut l'etre et m'a temoigne beaucoup d'amitie.
Embrassez pour moi votre chere femme. Je sais qu'elle pleurera avec
nous, elle qui etait si bonne pour ce pauvre petit.--Antoine dinait chez
moi a Palaiseau le jour ou j'ai recu le telegramme d'alarme. Il a couru
pour nous. Mais, malgre son aide et celle de M. Maillard, je n'ai pu
partir le soir meme; l'express ne correspond pas avec Palaiseau.
Adieu, mon bon ami; a vous de coeur.
G. S.
DLXV
A MADAME SIMONNET, A MONGIVRAY, PRES-LA CHATRE
Palaiseau, 24 juillet 1864.
Ma chere enfant,
Rene a du te dire comment nous sommes partis tout a coup pour Guillery.
Nous voila revenus, laissant notre pauvre enfant dans la tombe de son
arriere-grand-pere. Maurice et Lina, que j'ai embarques pour Nimes, ont
ete bien soulages de me voir, et ils ont ecoute mes consolations avec un
coeur bien tendre. Mais quelle douleur! Maurice, qui s'etait extenue
a soigner son enfant et qui le croyait sauve! Je reviens brisee de
fatigue; mais j'ai besoin de courage pour leur en donner, et je
supporterai mon propre chagrin aussi bien que je pourrai. Ecris-leur a
Nimes, chez Boucoiran, au _Courrier du Gard_. Ils vont voyager un mois
pour se remettre et se secouer; mais ils auront leur pied-a-terre a
Nimes et ils y recevront leurs lettres. J'ai oublie de donner leur
adresse a Ludre; fais-la-lui savoir tout de suite. Ces temoignages
d'affection leur feront du bien.
Aussitot que je pourrai, j'ecrirai au ministre pour Albert, sois
tranquille.
Je t'embrasse tendrement, ainsi que ta mere.
G. SAND.
DLXVI
A MAURICE SAND, A NIMES
Palaiseau, 25 juillet 1864.
Mes enfants,
J'attends impatiemment de vos nouvelles. Necessairement j'ai l'esprit
frappe et j'ai besoin de vous savoir a Nimes, pres de notre bon
Boucoiran, bien soignes, si vous etiez souffrants l'un ou l'autre. J'ai
bien supporte le voyage; mais nous sommes beaucoup plus las aujourd'hui
qu'hier, et je crains qu'il n'en soit de meme pour vous. Quand la
volonte n'a plus rien a faire, on sent que le corps est bri
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