rd'hui rouillee, et qui jadis
Avait la pesanteur de la chose publique;
Quand parfois du fourreau, venerable relique,
Il arrache la lame illustre avec effort,
Calme, il y croit toujours sentir peser le sort.
Tout homme ici-bas porte en sa main une chose,
Ou, du bien et du mal, de l'effet, de la cause,
Du genre humain, de Dieu, du gouffre, il sent le poids;
Le juge au front morose a son livre des lois,
Le roi son sceptre d'or, le fossoyeur sa pelle.
Tous les soirs il conduit l'enfant a la chapelle;
L'enfant prie, et regarde avec ses yeux si beaux,
Gaie, et questionnant l'aieul sur les tombeaux;
Et Fabrice a dans l'oeil une humide etincelle.
La main qui tremble aidant la marche qui chancelle,
Ils vont sous les portails et le long des piliers
Peuples de seraphins meles aux chevaliers;
Chaque statue, emue a leur pas doux et sombre,
Vibre, et toutes ont l'air de saluer dans l'ombre,
Les heros le vieillard, et les anges l'enfant.
Parfois Isoretta, que sa grace defend,
S'echappe des l'aurore et s'en va jouer seule
Dans quelque grande tour qui lui semble une aieule
Et qui mele, croulante au milieu des buissons,
La legende romane aux souvenirs saxons.
Pauvre etre qui contient toute une fiere race,
Elle trouble, en passant, le bouc, vieillard vorace,
Dans les fentes des murs broutant le caprier;
Pendant que derriere elle on voit l'aieul prier,
--Car il ne tarde pas a venir la rejoindre,
Et cherche son enfant des qu'il voit l'aube poindre,--
Elle court, va, revient, met sa robe en haillons,
Erre de tombe en tombe et suit des papillons,
Ou s'assied, l'air pensif, sur quelque apre architrave;
Et la tour semble heureuse et l'enfant parait grave;
La ruine et l'enfance ont de secrets accords,
Car le temps sombre y met ce qui reste des morts.
IV UN SEUL HOMME SAIT OU EST CACHE LE TRESOR
Dans ce siecle ou tout peuple a son chef qui le broie,
Parmi les rois vautours et les princes de proie,
Certe, on n'en trouverait pas un qui meprisat
Final, donjon splendide et riche marquisat;
Tous les ans, les alleux, les rentes, les censives,
Surchargent vingt mulets de sacoches massives;
La grande tour surveille, au milieu du ciel bleu,
Le sud, le nord, l'ouest et l'est, et saint Mathieu,
Saint Marc, saint Luc, saint Jean, les quatre evangelistes,
Sont sculptes et dores sur les quatre balistes;
La montagne a pour garde, en outre, deux cha
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