us les coups des rois,
Cinquante ans, ce soldat, dont la tete enfin plie,
Fut l'armure de fer de la vieille Italie,
Et ce noir siecle, a qui tout rayon semble ote,
Garde quelque lueur encor de son cote.
II
LE DEFAUT DE LA CUIRASSE
Maintenant il est vieux; son donjon, c'est son cloitre;
Il tombe, et, declinant, sent dans son ame croitre
La confiance honnete et calme des grands coeurs;
Le brave ne croit pas au lache, les vainqueurs
Sont forts, et le heros est ignorant du fourbe.
Ce qu'osent les tyrans, ce qu'accepte la tourbe,
Il ne le sait; il est hors de ce siecle vil;
N'en etant vu qu'a peine, a peine le voit-il;
N'ayant jamais de ruse, il n'eut jamais de crainte;
Son defaut fut toujours la credulite sainte,
Et quand il fut vaincu, ce fut par loyaute;
Plus de peril lui fait plus de securite.
Comme dans un exil il vit seul dans sa gloire,
Oublie; l'ancien peuple a garde sa memoire,
Mais le nouveau le perd dans l'ombre, et ce vieillard,
Qui fut astre, s'eteint dans un morne brouillard.
Dans sa brume, ou les feux du couchant se dispersent,
Il a cette mer vaste et ce grand ciel qui versent
Sur le bonheur la joie et sur le deuil l'ennui.
Tout est derriere lui maintenant; tout a fui;
L'ombre d'un siecle entier devant ses pas s'allonge;
Il semble des yeux suivre on ne sait quel grand songe;
Parfois, il marche et va sans entendre et sans voir.
Vieillir, sombre declin! l'homme est triste le soir;
Il sent l'accablement de l'oeuvre finissante.
On dirait par instants que son ame s'absente,
Et va savoir la-haut s'il est temps de partir.
Il n'a pas un remords et pas un repentir;
Apres quatre vingts ans son ame est toute blanche;
Parfois, a ce soldat qui s'accoude et se penche,
Quelque vieux mur, croulant lui-meme, offre un appui;
Grave, il pense, et tous ceux qui sont aupres de lui
L'aiment; il faut aimer pour jeter sa racine
Dans un isolement et dans une ruine;
Et la feuille de lierre a la forme d'un coeur.
III
AIEUL MATERNEL
Ce vieillard, c'est un chene adorant une fleur;
A present un enfant est toute sa famille.
Il la regarde, il reve; il dit: 'C'est une fille,
Tant mieux!' Etant aieul du cote maternel.
La vie en ce donjon a le pas solennel;
L'heure passe et revient ramenant l'habitude.
Ignorant le soupcon, la peur, l'inquietude,
Tous les matins, il boucle a ses flancs refroidis
Son epee, aujou
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