omene
lumineux de la pierre d'Epouvante, lui repondaient en mauvais allemand,
qu'il ne faisait pas bon d'approfondir ces choses-la, et qu'il ne
fallait pas se meler des affaires de l'autre monde.
Cependant, il y avait deja neuf jours qu'Albert avait disparu. C'etait
la plus longue absence de ce genre qu'il eut encore faite, et cette
prolongation, jointe aux sinistres presages qui avaient annonce
l'avenement de sa trentieme annee, n'etait pas propre a ranimer les
esperances de la famille. On commencait enfin a s'agiter; le comte
Christian soupirait a toute heure d'une facon lamentable; le baron
allait a la chasse sans songer a rien tuer; le chapelain faisait des
prieres extraordinaires; Amelie n'osait plus rire ni causer, et la
chanoinesse, pale et affaiblie, distraite des soins domestiques, et
oublieuse de son ouvrage en tapisserie, egrenait son chapelet du matin
au soir, entretenait de petites bougies devant l'image de la Vierge, et
semblait plus voutee d'un pied qu'a son ordinaire.
Consuelo se hasarda a proposer une grande et scrupuleuse exploration du
Schreckenstein, avoua les recherches qu'elle y avait faites, et confia
en particulier a la chanoinesse la circonstance de la feuille de rose,
et le soin qu'elle avait mis a examiner toute la nuit le sommet lumineux
de la montagne. Mais les dispositions que voulait prendre Wenceslawa
pour cette exploration, firent bientot repentir Consuelo de son
epanchement. La chanoinesse voulait qu'on s'assurat de la personne de
Zdenko, qu'on l'effrayat par des menaces, qu'on fit armer cinquante
hommes de torches et de fusils, enfin que le chapelain prononcat sur la
pierre fatale ses plus terribles exorcismes, tandis que le baron, suivi
de Hanz, et de ses plus courageux acolytes, ferait en regle, au milieu
de la nuit, le siege du Schreckenstein. C'etait le vrai moyen de porter
Albert a la folie la plus extreme, et peut-etre a la fureur, que de lui
procurer une surprise de ce genre; et Consuelo obtint, a force de
representations et de prieres, que Wenceslawa n'agirait point et
n'entreprendrait rien sans son avis. Or, voici quel parti elle lui
proposa en definitive: ce fut de sortir du chateau la nuit suivante, et
d'aller seule avec la chanoinesse, en se faisant suivre a distance de
Hanz et du chapelain seulement, examiner de pres le feu du
Schreckenstein. Mais cette resolution se trouva au-dessus des forces de
la chanoinesse. Elle etait persuadee que le Sabbat officiait sur la
pier
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