Des
traits presque effaces semblent indiquer des ailes et meme quelques flammes
qui entourent le monstre. Ne serait-ce, sous une forme plus accentuee, que
le demon du feu? Je prefererais y reconnaitre un de ces esprits mauvais que
la montee du jour met en fuite et qui recommencent a roder sur la terre a
l'approche du soir. Si reellement il y a des flammes autour de lui, on peut
supposer qu'il paie ainsi sa temerite a braver les feux du soleil.
A cote des compositions precedentes, qui apportent un developpement notable
a l'iconographie des mythes solaires dans l'ancienne Chaldee, je ne resiste
pas au desir de faire connaitre, pour terminer, un remarquable cylindre qui
n'appartient plus a la meme serie et dont les figures nous conduisent dans
un domaine mythologique different.
L'idee de representer les dieux sur des animaux reels ou imaginaires
est une des formes les plus originales du symbolisme chaldeo-assyrien.
Cependant les groupes de ce genre, assez frequents a l'epoque assyrienne
et aussi chez les populations de l'Asie Mineure, sont tout a fait rares
sur les monuments de la haute antiquite chaldeenne. En voici pourtant un
exemple, d'autant plus interessant que le procede n'est pas encore devenu
banal et commun a toutes les divinites.
[Illustration: Fig. 9.]
Du meme pas s'avancent l'un derriere l'autre deux monstres exactement
pareils, que l'on pourrait, par anticipation, appeler apocalyptiques.
Lions par le corps, par leurs membres anterieurs et par leurs tetes
abaissees, dont les terribles machoires, ouvertes en cisailles, vomissent
des torrents d'eau ou de feu, ils sont aigles par leurs puissantes ailes
etendues, par les serres de leurs pattes posterieures et par leur queue
de plumes en eventail. C'est en somme une des formes que la demonologie
chaldeo-assyrienne prete le plus souvent aux puissances destructives, aux
esprits du mal. Seulement l'art chaldeen y ajoute une grandeur etrange,
surtout par la petitesse relative des figures divines que ces monstres
portent a travers l'espace, non pas simplement, comme plus tard, posees
sur leur dos, mais dresses en avant sur le garrot de la bete, vers la
naissance des ailes deployees, qui semblent les soulever.
Sur le premier vient un dieu qui tient dans sa main droite l'arme coudee
des rois chaldeens[20] et leve le bras gauche d'un geste menacant, comme
s'il poussait un cri de guerre. La petite figure qui suit sur l'autre
monstre est plus difficile a determiner
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