, a cause de son exiguite meme;
pourtant les formes generales et la robe serree aux jambes[21] sont bien
d'une femme[22]; de ses mains etendues elle tient deux traits brises, qui
font penser a des eclairs. Une figure virile, de proportions beaucoup plus
grandes, marche entre les deux animaux; comme elle est a pied, on a pu lui
laisser toute la hauteur du cylindre, sans qu'il faille lui accorder pour
cela un rang superieur dans la hierarchie celeste. De meme que le dieu qui
le precede, ce personnage porte l'arme coudee; mais, si l'on en juge par sa
coiffure depourvue de cornes, il ne joue a sa suite que le role d'un simple
_armiger_[23]. Pour une raison toute technique, tenant a la necessite de
remplir le champ du cylindre, les dieux principaux ne sont pas ici designes
par leur taille, mais par leurs redoutables montures.
[Note 20: Si, comme je le suppose, cette massue coudee etait aussi une arme
de jet, sorte de _boumerang_, elle represente tres exactement l'eclair et
la foudre.]
[Note 21: A moins que meme la figure ne soit nue.]
[Note 22: Cette reserve est motivee par l'empatement du menton et du cou,
d'ou il resulte une certaine indecision sur le sexe de la figure.]
[Note 23: Le meme sujet, rudement ebauche a la pointe, se trouve deja sur
un cylindre du Louvre, de travail plus archaique. L'acolyte y prend la
forme d'un genie a quatre ailes.]
De pareilles images appartiennent evidemment au cycle des divinites qui
personnifiaient les troubles de l'atmosphere, comme _Bin_, ou mieux
_Ramman_, le dieu des tempetes, avec sa compagne, la deesse _Sala_, et
les autres etres mythologiques qui forment leur cortege[24]. Les monstres
qui les portent figurent les ouragans, les souffles orageux, qui se
confondent, dans les incantations chaldeennes, avec toute une classe de
demons malfaisants.
[Note 24: F. Lenormant, _Les dieux de Babylone_, p. 18; Sayce, _Religion of
the ancient Babylonians_, p. 202 suiv.; Maspero, _Hist. anc. des peuples
d'Orient_, p 661-663. Pour la deesse Sala, voir surtout les cylindres qui
portent la legende "Ramman et Sala". De Clercq, _Catalogue_ n deg.24; cf. 204.]
Par cet exemple, compare a ceux que nous avons empruntes aux
representations solaires, on peut juger avec quelle puissance tragique
et quelle fantaisie grandiose l'imagination des artistes chaldeens avait
su dramatiser la marche des phenomenes celestes et l'eternel combat des
forces de la nature.
Leon HEUZEY
FIN des MYTHES CHALD
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