lle qui est produite par la toute
puissance divine, engloutit & dissipe ceux qui sont provenus de l'art
Diabolique.
De mesme fut fait des raynes, sauterelles, & autres animaux provenus
d'enchanterie & sortilleges: tellement que l'home est bien aveugle,
& dehors de toutes considerations, qui s'adonne a ces malheureuse &
detestables oeuvres de Magie, quittant son Dieu pour suyvre le diable,
laissant la verite pour le mensonge, se precipiter du port de grace
& salut, dans les abismes & gouffre des Enfers. Les lecteurs se
contenteront de ce preambule, a celle fin de ne les ennuyer pour
estre prolixe, se contentant s'il leur plaist au recit de ce discours
tres-veritable prodigieux, & autant admirable que long temps aye este
mis en lumiere.
3 Trois Espagnols Magiciens accompagnez d'une femme Espagnolle, aussi
sorciere & Magicienne, se sont promenez par l'Italie, Piedmont Provene,
Franche-Comte, Flandres, & ont par plusieurs fois traverse toute la
France. Et tout aussi tost qu'ils avoient receu quelque desplaisir de
quelques uns, en quelque vilotte ou bourgade; ils ne manquoyent par le
moyen de leurs maudits & pernicieux charmes & sorcilleges, de faire
secher les bleds, & de mesme aux vignes, & pour le regard du bestail,
il laguissoit quelque trois sepmaines, puis demeuroit mort, tellement
qu'une partie du Piedmont a senty que c'estoit de leurs maudites facons
de faire.
Tout aussi tost qu'ils avoient fait jouer leurs charmes en quelques
lieux par leurs arts pernicieux, ils se faisoient porter par les diables
dans les nuees, de ville en ville, & quelquefois faisoient cent ou six
vingts lieues le jour: mais comme la justice divine ne veut longuement
souffrir en estre les malfacteurs, Dieu permit qu'un Cure nomme messire
Benoist la Faye natif d'Ambuy pres de Bourdeaux, estant alle a Dole,
pour poursuivre un du lieu, auquel il avoit preste une somme notable, &
pour autant qu'il falloit que le dit messire Benoist s'en retournasse a
Bourdeaux pour faire enqueste de ce prest, attendu que sa partie
nioit, il ne fut pas loin d'une harquebusade de Dole, qu'il trouva ces
Espagnols & leur suivante, lesquels se mirent en compagnie avec luy, &
luy demanderent ou il alloit, apres le leur avoir declare & conte une
partie de son ennuy, & se saschant de la longueur du chemin qu'il
avoient a faire, tant d'aller que de revenir, & mesme que les juges
ne luy avoient baille qu'un mois de delay, & passe iceluy, il seroit
forclos un de ces Espa
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