ame, la
droiture de son coeur, la noblesse de ses intentions, la sagesse de ses
conseils, le courage de ses demarches, l'etendue de ses connaissances,
et la vivacite de son esprit),--ce grand homme, qui excitera
l'admiration de tous ceux qu'une vertu heroique peut encore emouvoir,
inspirera encore la plus vive reconnaissance dans les coeurs des
Genevois qui aiment Geneve. Bonnivard en fut toujours un des plus fermes
appuis: pour assurer la liberte de notre Republique, il ne craignit pas
de perdre souvent la sienne; il oublia son repos; il meprisa ses
richesses; il ne negligea rien pour affermir le bonheur d'une patrie
qu'il honora de son choix: des ce moment il la cherit comme le plus zele
de ses citoyens; il la servit avec l'intrepidite d'un heros, et il
ecrivit son Histoire avec la naivete d'un philosophe et la chaleur d'un
patriote.
"Il dit dans le commencement de son Histoire de Geneve, que, _des qu'il
eut commence de lire l'histoire des nations, il se sentit entraine par
son gout pour les Republiques, dont il epousa toujours les interets:_
c'est ce gout pour la liberte qui lui fit sans doute adopter Geneve pour
sa patrie....
"Bonnivard, encore jeune, s'annonca hautement comme le defenseur de
Geneve contre le Duc de Savoye et l'Eveque....
"En 1519, Bonnivard devient le martyr de sa patrie: Le Duc de Savoye
etant entre dans Geneve avec cinq cent hommes, Bonnivard craint le
ressentiment du Duc; il voulut se retirer a Fribourg pour en eviter les
suites; mais il fut trahi par deux hommes qui l'accompagnaient, et
conduit par ordre du Prince a Grolee, ou il resta prisonnier pendant
deux ans. Bonnivard etait malheureux dans ses voyages: comme ses
malheurs n'avaient point ralenti son zele pour Geneve, il etait toujours
un ennemi redoutable pour ceux qui la menacaient, et par consequent il
devait etre expose a leurs coups. Il fut rencontre en 1530 sur le Jura
par des voleurs, qui le depouillerent, et qui le mirent encore entre les
mains du Duc de Savoye: ce Prince le fit enfermer dans le Chateau de
Chillon, ou il resta sans etre interroge jusques en 1536; il fut alors
delivre par les Bernois, qui s'emparerent du Pays-de-Vaud.
"Bonnivard, en sortant de sa captivite, eut le plaisir de trouver Geneve
libre et reformee: la Republique s'empressa de lui temoigner sa
reconnaissance, et de le dedommager des maux qu'il avoit soufferts; elle
le recut Bourgeois de la ville au mois de Juin, 1536; elle lui donna la
maison habite
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