FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   153   154   155   156   157   158   159   160   161   162   >>  
oit clair et voudrait crier par cent voix a la jeunesse francaise: "Ce n'est pas vrai... On vous trompe... L'Academie, un leurre, un mirage!... Faites votre route et votre oeuvre, en dehors d'elle... Surtout, ne lui sacrifiez rien, car elle n'a rien a vous donner de ce que vous n'apporterez pas, ni le talent, ni la gloire, ni le supreme contentement de soi... Ce n'est ni un recours, ni un asile, l'Academie!... Idole creuse, religion qui ne console pas. Les grandes miseres de la vie vous assaillent la comme ailleurs... On s'y est tue, sous cette coupole; on y est devenu fou! Et ceux qui dans leur detresse se sont tournes vers elle, qui lui ont tendu des bras decourages d'aimer ou de maudire, n'y ont etreint qu'une ombre... et le vide... le vide..." Il parle tout haut, tete nue, tenant le parapet a deux mains, le vieux professeur, comme autrefois, a son cours, au rebord de sa chaire. En bas, le fleuve roule, nuance de nuit, entre ses files de reverberes, qui clignotent avec cette vie silencieuse de la lumiere, inquietante comme tout ce qui se meut, regarde, et ne s'exprime pas. Sur la berge un chant d'ivrogne festonne en s'eloignant: "_Quand Cupidon... le matin... che reveille..._" Quelque Auvergnat en goguette regagnant son bateau a charbon. Cela lui rappelle Teyssedre, le frotteur, et son verre de vin frais; il le voit essuyant sa bouche d'un revers de manche: "Il n'y a que cha de bon dans la vie!" Meme cette humble joie de nature, lui, ne l'a pas connue, il est oblige de l'envier. Et se sentant seul, sans recours, sans une epaule pour pleurer, il comprend que cette gueuse la-haut avait raison et qu'il faut la faire une bonne fois, sa malle!... * * * * * Des sergents de ville trouverent, au matin, sur un banc du pont des Arts, un chapeau a larges bords, un de ces chapeaux qui gardent un peu de la physionomie de leur proprietaire. Dedans, une grosse montre en or, une carte de visite au nom de "Leonard Astier-Rehu, secretaire perpetuel de l'Academie francaise," sabree en travers, de cette ligne au crayon: "Je meurs ici volontairement..." Oh! oui, bien volontairement! Et mieux encore que sa petite phrase d'une longue et ferme ecriture, l'expression de ses traits, les dents serrees, la machoire avancante et violente disaient sa ferme resolution de mourir, quand, apres une matinee de recherches, les mariniers le retirerent des larges maillons d'un filet de fer entourant des bains de f
PREV.   NEXT  
|<   153   154   155   156   157   158   159   160   161   162   >>  



Top keywords:

Academie

 

volontairement

 
francaise
 
recours
 

larges

 
chapeau
 

trouverent

 
entourant
 

sergents

 

pleurer


manche
 

revers

 

bouche

 

essuyant

 

humble

 

comprend

 

gueuse

 

epaule

 

connue

 

nature


oblige
 

envier

 
sentant
 

raison

 

proprietaire

 
encore
 

petite

 

matinee

 

recherches

 

phrase


longue

 

serrees

 

disaient

 

machoire

 

violente

 
resolution
 

mourir

 

ecriture

 

expression

 

traits


crayon

 

montre

 

grosse

 

maillons

 

Dedans

 
avancante
 
gardent
 

physionomie

 
visite
 

sabree