le combat du 4 juin, qui, malgre une preparation
serieuse n'a pas donne de resultat en balance avec le vigoureux et
couteux effort fourni par les troupes alliees, a montre que, guides
par les Allemands, les Turcs ont donne a leur ligne une tres grande
force. La presqu'ile est barree devant notre front de plusieurs
lignes de tranchees fortement etablies, precedees en plusieurs
points de fil de fer barbeles, flanquees de mitrailleuses,
communiquant avec l'arriere par des boyaux, formant un systeme de
fortification comparable a celui du grand Front.
Dans ces tranchees les Turcs se montrent bons soldats, braves,
tenaces. Leur artillerie a constamment et tres sensiblement
augmente en nombres et en puissance depuis trois semaines.
Dans ces conditions, et etant donne que les Turcs ont toute liberte
d'amener sur ce front etroite toute leur armee, on ne peut se
dissimuler que les progres seront lents et que chaque progres sera
couteux.
Les Allemands appliqueront certainement dans les montagnes et les
ravins de la presqu'ile le systeme qui leur a reussi jusqu'ici en
France.
D'autre part l'ennemi parait avoir change de tactique. Il a voulu
au debut nous rejeter a la mer; apres les pertes enormes qu'il a
subi dans les combats d'avril et de mai, il semble y avoir renonce
du moins pour le moment.
Son plan actuel consiste a chercher a nous bloquer de front, pour
nous maintenir sur l'etroit terrain que nous avons conquis, et a
nous y rendre la vie intenable en bombardant les camps et surtout
les plages de debarquement. C'est ainsi que les quatre batteries de
grosses pieces recemment installees entre Erenkeui et Yenishahr ont
apporte au ravitaillement des troupes une gene qu'on peut dire
dangereuse, puisque la consommation dans dernieres journees a
legerement depasse le ravitaillement.
Au resume nous sommes bloques de front et pris par derriere. Et
cette situation ira en empirant du fait des maladies, resultant du
climat, de la chaleur, du bivouac continuel, peut etre des
epidemies, et du fait que la mer rendra tres difficile tout
debarquement des la mauvaise saison, fin aout.
Ceci pose, comment employer les gros renforts attendus. Plusieurs
solutions se presentent a l'esprit.
Primo, en Asie.
C'est la premiere idee qui se pr
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