ndant la main:--Toi, Ottavio, tu n'as besoin des lecons de personne,
et tu en remontrerais a ceux qui enseignent.--Je ne sais pas jouer la
comedie, lui repondis-je, je ne le saurai jamais. C'est parce qu'on ne
la joue pas ici que j'ai dit ce que je sentais.
[Illustration 010.png: Celio entra brusquement.... (Page 115.)]
XIV.
CONCLUSION.
Je montai dans la loge des hommes pour me debarrasser de mon domino. A
peine y etais-je entre, que Stella vint resolument m'y rejoindre. Elle
avait arrache vivement son masque; sa belle chevelure blond-cendre,
naturellement ondee, s'etait a demi repandue sur son epaule. Elle etait
pale, elle tremblait; mais c'etait une ame eminemment courageuse,
quoique elle agit par expansion spontanee et d'une maniere tout opposee,
par consequent, a celle de la Boccaferri.
--Adorno Salentini, me dit-elle en posant sa main blanche sur mon
epaule, m'aimez-vous?
Je fus entierement vaincu par cette question hardie, faite avec un
effort evidemment douloureux et le trouble de la pudeur alarmee.
Je la pris dans mes bras et je la serrai contre ma poitrine.
--Il ne faut pas me tromper, dit-elle en se degageant avec force de mon
etreinte. J'ai vingt-deux ans; je n'ai pas encore aime, moi, et je ne
dois pas etre trompee. Mon premier amour sera le dernier, et, si je
suis trahie, je n'essaierai pas de savoir si j'ai la force d'aimer une
seconde fois: je mourrai. C'est la le seul courage dont je me sente
capable. Je suis jeune, mais l'experience des autres m'a eclairee. J'ai
beaucoup reve deja, et, si je ne connais pas le monde, je me connais du
moins. L'homme qui se jouera d'une ame comme la mienne, ne pourra etre
qu'un miserable, et, s'il en vient la, il faudra que je le haisse et que
je le meprise. La mort me semble mille fois plus douce que la vie, apres
une semblable desillusion.
--Stella, lui repondis-je, si je vous dis ici que je vous aime, me
croirez-vous? Ne me mettrez-vous pas a l'epreuve avant de vous fier
aveuglement a la parole d'un homme que vous ne connaissez pas?
--Je vous connais, repondit-elle. Celio, qui n'estime personne, vous
estime et vous respecte; et, d'ailleurs, quand meme je n'aurais pas ce
motif de confiance, je croirais encore a votre parole.
--Pourquoi?
--Je ne sais pas, mais cela est ainsi.
--Donc vous m'aimez, vous?
Elle hesita un instant, puis elle dit:
--Ecoutez! je ne suis pas pour rien la fille de la Floriani. Je n'ai pas
la force de ma mere, m
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