uses; moins
fort, il s'irrite, et il hait; il n'a pas seulement des emules a vaincre,
il a des ennemis a humilier, et ce sentiment de rivalite jalouse, il le
decore d'un beau nom, il l'appelle le sentiment de l'_honneur_.
Ce Pardon de Rosporden, deja remarquable par le combat incertain de Le
Guichet et de Trolez, fut signale par un evenement emouvant et inattendu:
Postic, le fameux lutteur qui n'etait jamais sorti d'une lutte que
victorieux, fut ce jour-la vaincu. Trois fois deja dans la journee, il
etait entre dans la lice et avait remporte le prix. Infatigable et plein de
confiance, il se presenta une quatrieme fois, et tout d'un coup, sans que
rien fit presumer l'affaiblissement de ses forces, et alors que les
spectateurs attendaient avec assurance le moment ou il renverserait son
adversaire, il fut souleve violemment et jete a terre; il tomba en
entrainant avec lui son rival. A ce coup soudain, l'assemblee demeura
muette, pas un applaudissement n'eclata; on ne pouvait croire que Postic,
_eut eu le saut_. Mais il ne pouvait y avoir d'incertitude; les juges
proclamerent le vainqueur. Postic alors se releva: son rival etait presque
inconnu comme lutteur; il lui serra fortement la main, puis, sans qu'un
geste, sans que son visage et sa voix exprimassent les agitations de son
coeur, mais pale, et les bras croises sur sa poitrine, il annonca aux juges
que, jamais plus desormais, il ne paraitrait dans les luttes.
XII
Les monuments.
=Vanneau.--Les statues.--Colonne de Louis XVI.--Du Guesclin.=
Les grands caracteres appellent la lutte: la Bretagne est le pays de France
le plus religieux, gardien de l'ancienne foi, representant de l'ancienne
societe; c'est en Bretagne que la Revolution a triomphe avec le plus de
hauteur: sur ce sol royaliste et chretien, en face de ces croix, de ces
calvaires, de ces statues de saints, de ces eglises, elle a affecte de
planter les monuments qui attestent sa victoire. Partout on trouve les
marques de son triomphe: de quelque cote que l'on entre en Bretagne, a
Saint-Florent, la colonne de Bonchamp mutilee; au Pin-en-Mauges, le
monument de Cathelineau renverse; a Rennes, a Nantes, des inscriptions en
l'honneur de la Revolution. A Saint-Malo, les premiers noms que l'on entend
prononcer sont les noms de Lamennais et Chateaubriand, c'est-a-dire des
deux plus grands revolutionnaires du XIXe siecle. Car, si Lamennais est le
philosophe qui nie le principe de l'ancienne societe, Chatea
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