cours aux baionnettes pour
sauver la patrie! Les remedes violens accusent le legislateur; car une
constitution qui est donnee aux hommes, doit etre calculee pour des
hommes.
Si vous voyez Sieyes, communiquez-lui, je vous prie, cette lettre.
Je l'engage a m'ecrire que j'ai tort; et croyez que vous me ferez un
sensible plaisir si vous pouvez contribuer a faire venir en Italie un
homme dont j'estime les talens, et pour qui j'ai une amitie tout a fait
particuliere. Je le seconderai de tous mes moyens, et je desire
que, reunissant aux efforts, nous puissions donner a l'Italie une
constitution plus analogue aux moeurs de ses habitans, aux circonstances
locales, et peut-etre meme aux vrais principes, que celle que nous lui
avons donnee. Pour ne pas faire une nouveaute, au milieu du tracas de la
guerre et des passions, il a ete difficile de faire autrement.
Je me resume,
Non-seulement je vous reponds confidentiellement que je desire
que Sieyes vienne en Italie, mais je pense meme, et cela
tres-officiellement, que si nous ne donnons pas a Genes et a la
republique cisalpine une constitution qui leur convienne, la France n'en
tirera aucun avantage: leurs corps legislatifs, achetes par l'or de
l'etranger, seront tout entiers a la disposition de la maison d'Autriche
et de Rome. Il en sera, en derniere analyse, comme de la Hollande.
Comme la presente lettre n'est pas un objet de tactique; ni un plan de
campagne, je vous prie de la garder pour vous et pour Sieyes, et de ne
faire usage, si vous le jugez a propos, que de ce que je viens de vous
dire sur l'inconvenance des constitutions que nous avons donnees en
Italie.
Vous verrez, citoyen ministre, dans cette lettre, la confiance entiere
que j'ai en vous, et une reponse a votre derniere.
Je vous salue.
BONAPARTE.
Passeriano, le 3e jour complementaire an 5 (19 septembre 1797).
_Au ministre des relations exterieures._
Je vous envoie, citoyen ministre, une lettre que je vous prie de
remettre au directoire, parce qu'elle renferme des dispositions
politiques et militaires. Je vous prie de la lire avec attention, et
d'avoir soin que dans le cas ou l'_ultimatum_ serait que Venise restat
a la republique cisalpine, l'on prit toutes les dispositions militaires
que j'indique dans ma lettre.
Le parti qu'on doit prendre depend absolument de l'interieur. Peut-on
y retablir la tranquillite sans armees? Peut-on se passer de la plus
grande partie des troupes qui y sont dan
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