ouver pour modifier le despotisme et
l'insolence des courtisans.
Mais dans un gouvernement ou toutes les autorites emanent de la nation,
ou le souverain est le peuple, pourquoi classer dans les attributions du
pouvoir legislatif des choses qui lui sont etrangeres?
Depuis cinquante ans je ne vois qu'une chose que nous avons bien
definie, c'est la souverainete du peuple; mais nous n'avons pas ete
plus heureux dans la fixation de ce qui est constitutionnel, que dans
l'attribution des differens pouvoirs.
L'organisation du peuple francais n'est donc veritablement encore
qu'ebauchee.
Le pouvoir du gouvernement, dans tonte la latitude que je lui donne,
devrait etre considere comme le vrai representant de la nation, lequel
devrait gouverner en consequence de la charte constitutionnelle et des
lois organiques; il se divise, il me semble, naturellement en deux
magistratures bien distinctes:
Dans une qui surveille et n'agit pas, a laquelle ce que nous appelons
aujourd'hui pouvoir executif serait oblige de soumettre les grandes
mesures, si je puis parler ainsi, la legislation de l'execution: cette
grande magistrature serait veritablement le grand conseil de la nation;
il aurait toute la partie de l'administration ou de l'execution, qui
est, par notre constitution, confiee au pouvoir legislatif.
Par ce moyen le pouvoir du gouvernement consisterait dans deux
magistratures, nommees par le peuple, dont une tres-nombreuse, ou
ne pourraient etre admis que des hommes qui auraient deja rempli
quelques-unes des fonctions qui donnent aux hommes de la maturite, sur
les objets du gouvernement.
Le pouvoir legislatif ferait d'abord toutes les lois organiques, les
changerait, mais pas en deux ou trois jours, comme l'on fait; car une
fois qu'une loi organique serait en execution, je ne crois pas qu'on put
la changer avant quatre ou cinq mois de discussion.
Ce pouvoir legislatif, sans rang dans la republique, impassible, sans
yeux et sans oreilles pour ce qui l'entoure, n'aurait pas d'ambition et
ne nous inonderait plus de mille lois de circonstances qui s'annulent
toutes seules par leur absurdite, et qui nous constituent une nation
sans lois avec trois cents in-folio de lois.
Voila, je crois, un code complet de politique, que les circonstances
dans lesquelles nous nous sommes trouves rendent pardonnable. C'est un
si grand malheur pour une nation de trente millions d'habitans, et au
dix-huitieme siecle, d'etre obligee d'avoir re
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