relativement a la maniere d'envisager l'etat de la
Turquie et l'appreciation de sa vitalite, le Memorandum de V.M. en
date du 3/15 Avril vint neanmoins dissiper de la maniere la plus
heureuse ces facheuses apprehensions; car il m'annoncait que, si nous
n'etions pas d'accord sur _l'etat de sante_ de l'Empire Ottoman, nous
l'etions cependant sur la necessite, pour le laisser vivre, de ne
point lui faire des demandes humiliantes, pourvu que tout le monde en
agit de meme, et que personne n'abusat de sa faiblesse pour obtenir
des avantages exclusifs. V.M. dans ce but, daigna meme se declarer
prete "a travailler de concert avec l'Angleterre a l'[oe]uvre commune
de prolonger l'existence de l'Empire Turque, en evitant toute cause
d'alarme au sujet de sa dissolution."
J'avais de plus la conviction qu'il n'existait et ne pouvait
exister au fond aucune divergence d'opinion entre nous au sujet des
reclamations relatives aux Lieux-Saints, reclamations qui, j'avais
droit de le croire, constituaient le seul grief de la Russie contre la
Porte.
Je mets, Sire, la confiance la plus entiere dans la parole que V.M. a
bien voulu me donner alors, et, que les assurances subsequentes, dues
a votre amitie, sont venues confirmer, en me donnant la connaissance
de Vos intentions. Personne n'apprecie plus que moi la haute loyaute
de V.M., et je voudrais que les convictions que j'ai a cet egard
pussent seules resoudre toutes les difficultes. Mais quelle que soit
la purete des motifs qui dirigent les actions du Souverain meme le
plus eleve par le caractere, V.M. sait que ses qualites personnelles
ne sont point suffisantes dans des transactions internationales par
lesquelles un Etat se lie envers un autre en de solennels engagements;
et les veritables intentions de V.M. ont ete a coup sur meconnues et
mal interpretees, a cause de la forme donnee au reclamations adressees
a la Porte.
Ayant a c[oe]ur, Sire, d'examiner ce qui avait pu produire ce facheux
malentendu, mon attention a ete naturellement attiree par l'article
7 du Traite de Kainardji; et je dois dire a V.M. qu'apres avoir
consulte, sur le sens qui pouvait avoir ete attache a cet article,
les personnes les plus competentes de ce pays-ci; apres l'avoir relu
ensuite moi-meme, avec le plus sincere desir d'impartialite, je suis
arrivee a la conviction que cet article n'etait point susceptible de
l'extension qu'on y a voulu donner. Tous les amis de V.M. ont, comme
moi, la certitude que vous
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