ne
d'en douter.
Je me permets aussi, contrairement a l'avis de votre Majeste, de
penser, qu'en affaires publiques et en relations de pays a pays,
rien ne peut etre _plus sacre_ et ne l'est en effet a mes yeux que la
parole souveraine, car elle decide en derniere instance de la paix
ou de la guerre. Je ne fatiguerais certes pas l'attention de votre
Majeste par un examen detaille du sens qu'elle donne a l'article 7 du
Traite de Kainardji; j'assurerais seulement, Madame, que depuis 80 ans
la Russie et la Porte l'ont compris ainsi que nous le faisons encore.
Ce sens-la n'a ete interrompu qu'en derniers temps, a la suite
d'instigations que votre Majeste connait aussi bien que moi.
Le retablir dans son reception primitive et la justifier par un
engagement plus solennel, tel est le but de mes efforts, tel il sera,
Madame, quand meme le sang devrait couler encore contre mon v[oe]u le
plus ardent; parce que c'est une question vitale pour la Russie, et
mes efforts ne lui sont impossibles pour y satisfaire.
Si j'ai du occuper les Principautes, ce que je regrette autant que
votre Majeste, c'est encore Madame, parce que les libertes dont ces
provinces jouissent, leurs ont ete acquises _au prix du sang Russe, et
par moi-meme Madame les annees_ 1828 _et_ 29. Il ne s'agit donc pas de
_conquetes_, mais a la veille d'un conflit que l'on rendait de plus en
plus probable, il eut ete indigne de moi de les livrer surement a la
main des ennemis du Christianisme, dont les persecutions ne sont un
secret que pour ceux qui veulent l'ignorer. J'esperais avoir repondu
ainsi aux doutes et aux regrets de votre Majeste _avec la plus entiere
franchise_. Elle veut bien me dire qu'Elle ne doute pas qu'avec mon
aide le retablissement de la paix ne soit encore possible, malgre
le sang repandu; j'y reponds de grand c[oe]ur, _Oui_, Madame, si les
organes des volontes de votre Majeste _executent fidelement ses ordres
et ses intentions bienveillantes. Les miennes n'out pas varie des le
debut de cette triste episode. Reculer devant le danger, comme vouloir
maintenant autre chose que je n'ai voulu en violant ma parole, serait
au-dessous de moi_, et le noble c[oe]ur de votre Majeste doit le
comprendre.
J'ajouterais encore que son c[oe]ur saignera en apprenant les horreurs
qui se commettent deja par les hordes sauvages, pres desquels flotte
le pavillon Anglais!!!
Je la remercie cordialement des v[oe]ux qu'Elle veut bien faire pour
moi; tant que ma vie se
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