lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! Mais si nous
le tournions, ne pouvant le renverser? Soit! Mais si, en le tournant,
nous sommes poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voila l'esprit
combatif, voila une des plus belles vertus physico-morales de l'homme,
car si l'homme contient en germe une lachete native, il possede
egalement en germe une bravoure native. Et il s'agit de savoir qui
l'emportera, de la lachete ou de la bravoure. Les sports font predominer
l'esprit de combativite, c'est-a-dire l'esprit de vaillance et de
bravoure originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de
l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se detourner devant
l'obstacle et qui n'a de tranquillite qu'apres l'avoir brise, dompte,
vaincu.
Le troisieme resultat consiste a donner la force ou l'endurance.
L'etre fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas toujours celui
qui attaque,--l'etre fort se revele bien plus par l'endurance et la
patience,--c'est celui qui ne recule jamais. Voila l'adolescent qu'il
faut fabriquer, et, certes, il n'est pas difficile d'en fabriquer de
semblables dans le pays des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont
des paresseux, ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours ceux
qui ne craignaient rien qu'une chose: "que le ciel ne tombat sur leurs
tetes." Ils poussaient la force jusqu'a la presomption. Eh bien, je
le declare hautement, je prefere les presomptueux aux timides.
(_Applaudissements._)
Je vais dire quelque chose qui va plaire aux meres francaises, que je
crois bien connaitre. Elles ont toujours peur, les meres francaises,
elles ont le genie de la preservation. Permettez-moi donc de vous
donner, Mesdames, un moyen de preserver vos fils, c'est-a-dire d'en
faire des temperants qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne
commencent pas a fumer a douze ans, qui savent mettre le plaisir a sa
place.
J'ai observe et j'observe tous les jours que, dans le milieu ou il
nous a ete donne a M. de Coubertin et moi d'organiser ces associations
athletiques, ces jeunes gens ne fument presque pas, ne vont pas sur les
champs de courses pour parier; qu'ils sont tres moderes et qu'en fait de
plaisirs, ils pourraient arriver a donner des lecons, non seulement a
Epicure qui etait un raffine de moderation, mais a l'autre, le chef des
stoiques, qui etait un austere, et j'ai observe aussi qu'ils savaient se
priver, se condamner meme a une dure hygiene dans un but superie
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