it a personne de me taper. Dans une des
promenades que firent mes jeunes maitresses, elles virent une petite
fille assise sur le bord de la route, qui se leva peniblement a leur
approche, et vint en boitant leur demander la charite; son air triste et
timide frappa Therese et ses amies.
--Pourquoi boites-tu, ma petite? dit Therese.
_La petite:_--Parce que mes sabots me blessent, mam'selle.
_Therese:_--Pourquoi n'en demandes-tu pas d'autres a ta maman?
_La petite:_--Je n'ai pas de maman, mam'selle.
_Therese:_--A ton papa alors?
_La petite:_--Je n'ai pas de papa, mam'selle.
_Therese:_--Mais avec qui vis-tu?
_La petite:_--Avec personne; je vis seule.
_Therese:_--Qui est-ce qui te donne a manger?
_La petite:_--Quelquefois personne, quelquefois tout le monde.
_Therese:_--Quel age as-tu?
_La petite:_--Je ne sais pas, mam'selle; peut-etre bien sept ans.
_Therese:_--Ou couches-tu?
_La petite:_--Chez celui qui veut bien me recevoir. Lorsque tout le
monde me chasse, je couche dehors, sous un arbre, pres d'une haie,
n'importe ou.
_Therese:_--Mais l'hiver, tu dois geler?
_La petite:_--J'ai froid; mais j'y suis habituee.
_Therese:_--As-tu dine aujourd'hui?
_La petite:_--Je n'ai pas mange depuis hier.
--Mais c'est affreux, c'la,... dit Therese, les larmes aux yeux. Mes
cheres amies, n'est-ce pas que votre grand'mere voudra bien que nous
donnions a manger a cette pauvre petite, que nous la fassions coucher
quelque part au chateau?
--Certainement, repondirent les trois cousines, grand'mere sera
enchantee; d'ailleurs elle fait tout ce que nous voulons.
_Madeleine:_--Mais comment faire pour la mener jusqu'a la maison,
Therese? Regarde comme elle boite.
_Therese:_--Mettons-la sur Cadichon; nous suivrons toutes a pied au lieu
de le monter deux a deux, chacune a notre tour.
--C'est vrai, quelle bonne idee! s'ecrierent les trois cousines.
Elles placerent la petite fille sur mon dos.
Camille avait encore dans sa poche un morceau de pain qui restait de
son gouter, elle le lui donna; la petite le mangea avec avidite; elle
semblait ravie de se trouver sur mon dos, mais elle ne disait rien; elle
etait fatiguee et elle souffrait de la faim.
Quand j'arretai devant le perron, Camille et Elisabeth firent entrer la
petite a la cuisine, pendant que Madeleine et Therese couraient chez la
grand'mere.
--Grand'mere, dit Madeleine, permettez-nous de donner a manger a une
petite fille tres pauvre q
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