, que la marquise allait mettre a la mode, et
que, plus tard, madame Dubarry et la reine Marie-Antoinette devaient
pousser a un si haut degre de perfection. Deja apparaissaient les
fantaisies champetres ou se refugiait le caprice blase. Deja les tritons
boursoufles, les graves deesses et les nymphes savantes, les bustes a
grandes perruques, glaces d'horreur dans leurs niches de verdure,
voyaient sortir de terre un jardin anglais au milieu des ifs etonnes.
Les petites pelouses, les petits ruisseaux, les petits ponts, allaient
bientot detroner l'Olympe pour le remplacer par une laiterie, etrange
parodie de la nature, que les Anglais copient sans la comprendre, vrai
jeu d'enfant devenu alors le passe-temps d'un maitre indolent, qui ne
savait comment se desennuyer de Versailles dans Versailles meme.
Mais le chevalier etait trop charme, trop ravi de se trouver la pour
qu'une reflexion critique put se presenter a son esprit. Il etait, au
contraire, pret a tout admirer, et il admirait en effet, tournant sa
missive dans ses doigts, comme un provincial fait de son chapeau,
lorsqu'une jolie fille de chambre ouvrit la porte et lui dit doucement:
--Venez, monsieur.
Il la suivit, et apres avoir passe de nouveau par plusieurs corridors
plus ou moins mysterieux, elle le fit entrer dans une grande chambre ou
les volets etaient a demi fermes. La, elle s'arreta et parut ecouter.
--Toujours cligne-musette, se disait le chevalier.
Cependant, au bout de quelques instants, une porte s'ouvrit encore, et
une autre fille de chambre qui semblait devoir etre aussi jolie que la
premiere, repeta du meme ton les memes paroles:
--Venez, monsieur.
S'il avait ete emu a Versailles, il l'etait maintenant bien autrement,
car il comprenait qu'il touchait au seuil du temple qu'habitait la
divinite. Il s'avanca le coeur palpitant; une douce lumiere, faiblement
voilee par de legers rideaux de gaze, succeda a l'obscurite; un parfum
delicieux, presque imperceptible, se repandit dans l'air autour de lui;
la fille de chambre ecarta timidement le coin d'une portiere de soie,
et, au fond d'un grand cabinet de la plus elegante simplicite, il
apercut la dame a l'eventail, c'est-a-dire la toute-puissante marquise.
Elle etait seule, assise devant une table, enveloppee d'un peignoir, la
tete appuyee sur sa main, et paraissant tres preoccupee. En voyant
entrer le chevalier, elle se leva par un mouvement subit et comme
involontaire.
--Vous venez de la p
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