lus nombreuse encore que celle-la. Elle comptait au
moins quatre cents hommes quand ils ont passe le Pinon.
--Rube, ou le reste peut-il etre? demanda Seguin; je decouvre d'ici
jusqu'a la mine; ils ne sont pas dans la plaine!
--Il ne doit pas y en avoir par ici, cap'n. Nous avons un peu de chance de
ce cote; le vieux fou a envoye une partie de sa bande par l'autre route,
sur une fausse piste, probablement.
--Et qui vous fait penser qu'ils ont pris par l'autre route?
--Voici, cap'n; la raison est toute simple: s'il y en avait d'autres apres
eux, nous aurions vu quelques-uns de ces moricauds de l'autre cote, courir
en arriere pour les presser d'arriver; comprenez-vous? Or, il n'y en a pas
un seul qui ait bouge.
--Vous avez raison, Rube, repondit Seguin, encourage par la probabilite de
cette assertion. Quel est votre avis? continua-t-il en s'adressant au
vieux trappeur, aux conseils duquel il avait l'habitude de recourir dans
les cas difficiles.
--Ma foi, cap'n, c'est un cas qui a besoin d'etre examine. Je n'ai encore
rien trouve qui me satisfasse, jusqu'a present. Si vous voulez me donner
une couple de minutes, je tacherai de vous repondre du mieux que je
pourrai.
--Tres-bien; nous attendrons votre avis. Camarades, visitez vos armes, et
voyez a les mettre en bon etat.
Pendant cette consultation, qui avait pris quelques secondes, l'ennemi
paraissait occupe de la meme maniere, de l'autre cote. Les Indiens
s'etaient reunis autour de leur chef, et on pouvait voir, a leurs gestes,
qu'ils deliberaient sur un plan d'action. En decouvrant entre nos mains
les enfants de leurs principaux guerriers, ils avaient ete frappes de
consternation. Ce qu'ils voyaient leur inspirait les plus terribles
apprehensions sur ce qu'ils ne voyaient pas. A leur retour d'une
expedition heureuse, chargee de butin et pleins d'idees de fetes et de
triomphes, ils s'apercevaient tout a coup qu'ils avaient ete pris dans
leur propre piege. Il etait clair pour eux que nous avions penetre dans la
ville. Naturellement, ils devaient penser que nous avions pille et brule
leurs maisons, massacre leurs femmes et leurs enfants. Ils ne pouvaient
s'imaginer autre chose; c'etait ainsi qu'ils avaient agi eux-memes, et ils
jugeaient notre conduite d'apres la leur. De plus, ils nous voyaient assez
nombreux pour defendre, tout au moins contre eux, ce que nous avions pris;
ils savaient bien qu'avec leurs armes a feu, les chasseurs de scalps
avaient l'avantag
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