, tels que les
miroirs, les cuvettes remplies d'eau et les liquides; ceux qui inspectent
les coeurs, les foies et les os des animaux, ... tous ces gens-la
appartiennent aussi a la categorie des devins, mais, a cause de
l'imperfection de leur nature, ils y occupent un rang inferieur. Pour
ecarter le voile des sens, le vrai devin n'a pas besoin de grands efforts;
quant aux autres, ils tachent d'arriver au but en _essayant de concentrer
en un seul sens toutes leurs perceptions_. Comme la vue est le sens le
plus noble, ils lui donnent la preference; fixant leur regard sur on objet
a superficie unie, ils le considerent avec attention jusqu'a ce qu'ils y
apercoivent la chose qu'ils veulent annoncer. Quelques personnes croient
que l'image apercue de cette maniere se dessine sur la surface du miroir;
mais ils se trompent. Le devin regarde fixement cette surface jusqu'a ce
qu'elle disparaisse et qu'un rideau, semblable a un brouillard,
s'interpose entre lui et le miroir. Sur ce rideau se dessinent les choses
_qu'il desira apercevoir_, et cela lui permet de donner des indications
soit affirmatives, soit negatives, sur ce que l'on desire savoir. Il
raconte alors les perceptions telles qu'il les recoit. Les devins,
pendant qu'ils sont dans cet etat, n'apercoivent pas ce qui se voit
reellement dans le miroir; c'est un autre mode de perception qui nait
chez eux et qui s'opere, non pas au moyen de la vue, mais de l'ame. Il
est vrai que, _pour eux, les perceptions de l'ame ressemblent a celles
des sens au point de les tromper_; fait qui, du reste, est bien connu. La
meme chose arrive a ceux qui examinent les coeurs et les foies d'animaux.
Nous avons vu quelques-uns de ces individus _entraver l'operation des
sens_ par l'emploi de simples _fumigations_, puis se servir
d'_incantations_[2] afin de donner a l'ame la disposition requise; ensuite
ils racontent ce qu'ils ont apercu. Ces formes, disent-ils, se montrent
dans l'air et representent des personnages: elles leur apprennent, au
moyen d'emblemes et de signes, les choses qu'ils cherchent a savoir. Les
individus de cette classe se detachent moins de l'influence des sens que
ceux de la classe precedente."'
[Footnote 1: Lican, Paris, 1898.]
[Footnote 2: L'auteur arabe avait deja mentionne (p. 209) l'emploi des
incantations et indique qu'elles etuient un simple adjuvant physique
destine a donner a certains hommes une exaltation dont ils se servaient
pour tacher de decouvrir l'avenir.
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