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d'assises--on appelle 'martyrs' et 'confesseurs' les 'absents' a
Noumea et les 'freres' de Suisse, d'Angleterre et de Belgique--et,
quand on parle des 'martyrs de la Commune' ca ne s'entend pas des
assassines, mais des assassins.
"On se fait enterrer 'civilement,' on ne veut plus sur son cercueil
des prieres de l'Eglise, on ne veut ni cierges, ni chants
religieux,--mais on veut un cortege portant derriere la biere des
immortelles rouges;--on veut une 'oraison,' une 'predication' de
Victor Hugo qui a ajoute cette specialite a ses autres specialites, si
bien qu'un de ces jours derniers, comme il suivait un convoi en
amateur, un croque-mort s'approcha de lui, le poussa du coude, et lui
dit en souriant: 'Est-ce que nous n'aurons pas quelque chose de vous,
aujourd'hui?'--Et cette predication il la lit ou la recite--ou, s'il
ne juge pas a propos 'd'officier' lui-meme, s'il s'agit d'un mort de
plus, il envoie pour la psalmodier M. Meurice ou tout autre 'pretre'
ou 'enfant de coeur' du 'Dieu,'--A defaut de M. Hugo, s'il s'agit
d'un citoyen obscur, on se contente d'une homelie improvisee pour la
dixieme fois par n'importe quel depute intransigeant--et le _Miserere_
est remplace par les cris de 'Vive la Republique!' pousses dans le
cimetiere.
"On n'entre plus dans les eglises, mais on frequente les brasseries et
les cabarets; on y officie, on y celebre les mysteres, on y chante les
louanges d'une pretendue republique _sacro-sainte_, une, indivisible,
democratique, sociale, athenienne, intransigeante, despotique, invisible
quoique etant partout. On y communie sous differentes especes; le matin
(_matines_) on 'tue le ver' avec le vin blanc,--il y a plus tard les
vepres de l'absinthe, auxquelles on se ferait un crime de manquer
d'assiduite.
"On ne croit plus en Dieu, mais on _croit_ pieusement en M. Gambetta,
en MM. Marcou, Naquet, Barodet, Tartempion, etc., et en toute une
longue litanie de saints et de _dii minores_ tels que Goutte-Noire,
Polosse, Boriasse et Silibat, le heros lyonnais.
"On _croit_ a 'l'immuabilite' de M. Thiers, qui a dit avec aplomb 'Je
ne change jamais,' et qui aujourd'hui est a la fois le protecteur et
le protege de ceux qu'il a passe une partie de sa vie a fusilier, et
qu'il fusillait encore hier.
'On _croit_ au republicanisme 'immacule' de l'avocat de Cahors qui a
jete par-dessus bord tous les principes republicains,--qui est a la
fois de son cote le protecteur et le protege de M. Thiers, qui h
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