les affaires de l'Etat, les evenements de la politique
detournerent de la question des echanges l'attention du
gouvernement. Apres trois ans de nouveaux travaux et de nouvelles
sollicitations, je me decidai a provoquer encore une fois le
concours des chambres legislatives. Je presentai une seconde
petition qui, comme la premiere, fut renvoyee au Ministre de
l'instruction publique avec l'assentiment du parlement tout
entier. Je ne citerai ici, pour abreger, aucun extrait ni des
rapports faits au nom de la commission des deux chambres, ni de
la lettre de M. Villemain en date du 31 aout 1839, ni de celle de
M. Duchatel en date du 14 aout de la meme annee. Qu'il me suffise
de dire a Votre Excellence que c'etaient les memes felicitations,
les memes encouragements, les memes promesses.
C'est alors qu'un honorable depute, que j'avais eu l'honneur
d'entretenir quelquefois de mes idees, de mes travaux, de mes
esperances, me conseilla d'aller aux Etats-Unis pour y preparer
le terrain, comme je l'avais fait en Allemagne, en Angleterre, en
Russie. La tache etait laborieuse, difficile; je ne me le
dissimulai pas; mais les resultats devaient etre feconds. Si
l'Amerique a peu de livres a nous donner, elle peut nous fournir
un tres-grand nombre d'admirables echantillons pour nos
collections de mineralogie, d'entomologie, de botanique, etc.
Elle s'est d'ailleurs occupee avec succes de l'application des
sciences et des arts a l'industrie. C'est, en un mot, une nature
et une civilisation differentes des notres. Je partis.
Embarque au Havre le 20 octobre 1839, j'arrivai a New-York le 29
novembre. En Europe j'avais recueilli le suffrage des savants,
des publicistes, des hommes d'Etat, un a un, dans la solitude et
la paix du cabinet. Je m'adressais a des esprits eclaires, a des
intelligences exercees a mediter sur les avantages de l'etude et
sur les voies de la civilisation. En Amerique j'ai eu affaire a
des corps legislatifs, a des assemblees populaires. J'ai
developpe mon systeme dans l'agitation contenue des meetings.
Je ne veux vous exposer, Monsieur le Ministre, que les resultats
dont j'ai entre les mains les preuves authentiques, officielles.
Je n'essaierai donc pas de vous montrer la jeunesse de New-York,
de Boston, de Baltimore, du Canada, s'associant puissamment a mes
efforts par des resolutions deliberees en assemble
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