ete remplaces par quatre fanaux bleus ... [Jeanne s'arrete et reprend
haleine. Brusquement.] Apres que le _Coblentz_ eut tout eteint, comme M.
d'Artelles disait a Monsieur [geste]: "Donc, c'est un navire francais",
Monsieur [geste] a dit: "francais ou etranger. C'est un secret de
polichinelle ... les signaux de reconnaissance ... nos camarades allemands
ou autrichiens les voyaient journellement l'an dernier en Adriatique, de
la a les interpreter ..." Il a dit tout cela, il l'a dit, je le jure, et
je l'ai entendu.
FOLGOET. Vous ... vous Madame! Vous avez entendu?
CORLAIX. Eh bien, Jeanne?
JEANNE. Oui.
CORLAIX. Vous avez entendu la nuit du combat?
JEANNE. Oui, Amiral, j'ai entendu Monsieur ... et j'ai vu aussi ... oui,
les signaux de reconnaissance ... rouges ... bleus ... je les ai vus parce
que j'etais la.
FOLGOET. Vous etiez la?
JEANNE. Oui, a bord ... dans la chambre de ... de M. d'Artelles.
FOLGOET. Dans la ...
JEANNE. Son canonnier peut en temoigner, c'est lui qui m'a sauvee.
FOLGOET. Le Duc? [Le Duc hesite et regarde Jeanne. Jeanne a un geste.]
LE DUC. C'est la verite, Amiral!
[Corlaix retombe accable sur son banc et semblera ne plus rien entendre
jusqu'a la fin de la scene.]
MORBRAZ [a Le Duc]. Pourquoi n'as-tu pas dit cela tout a l'heure bourgre
d'ane.
LE DUC. Vous ne me l'avez pas demande, Commandant.
FOLGOET. Monsieur?
BRAMBOURG. C'est exact, tout cela est exact et je suis heureux que Mme
de Corlaix ait vu.
FOLGOET. Vous confirmez la deposition?
BRAMBOURG. Absolument.
FOLGOET. C'est bien, Monsieur, vous pouvez vous retirer. Le reste n'est
plus que formalite. Je pense que Monsieur le Commissaire du Gouvernement
abandonne l'accusation?
MORBRAZ. Avec une joie que je n'essaierai pas de dissimuler, Monsieur le
President.
FOLGOET. Monsieur le Defenseur?
L'ESTISSAC. Je m'en voudrais d'ajouter un mot.
FOLGOET. La seance est levee.
[Sort le Conseil de guerre].
SCENE III
CORLAIX, JEANNE.
[Un temps. Corlaix leve enfin la tete, regarde sa femme qui n'a pas
bouge toujours dans la meme attitude humiliee. Il fait un grand effort
sur lui-meme, puis:]
CORLAIX [d'une voix tres douce]. JEANNE? [Jeanne le regarde n'osant
croire au pardon.] Vous voyez que Le Duc est parti. [Il se leve avec de
grandes difficultes.] Vous allez etre obligee de soutenir votre vieil
ami ...
JEANNE [vient tomber a ses genoux]. Pardon! Pardon!
[A l'exterieur, cris de la fou
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