e preserve des vents maritimes. Ce serait un
emplacement delicieux pour une villa d'hiver.
J'y pris quelques moments de repos. Pour la premiere fois depuis que
j'ai quitte Genes, il faisait un temps clair. Les montagnes lointaines
etaient d'un ton superbe, et Rome se voyait distinctement au fond de
la plaine. Je fus etonne de l'emplacement enorme qu'elle occupe, et de
l'importance du dome de Saint-Pierre, qui, tout le monde vous l'a dit,
ne fait pas grand effet, vu de plus pres.
Un bruit, mysterieux s'empara de ma reverie. C'etait comme une plainte,
ou plutot comme un soupir harmonieux et plaintif de la voix humaine.
Comme tout etait desert autour de moi, j'eus quelque peine a decouvrir
la cause de ce bruit intermittent, toujours repete et toujours le meme.
Enfin, je m'assurai qu'il sortait de la galerie souterraine, ou le bruit
de mes pas m'avait empeche de, l'entendre quand j'y avais penetre. J'y
retournai. Ce n'etait que le murmure d'une goutte d'eau filtrant de
la voute et tombant dans une petite flaque perdue dans les tenebres.
L'echo, du souterrain, lui donnait cette rare sonorite, qui ressemblait
au gemissement d'une divinite captive et mourante, ou plutot a l'ame de
quelque vierge martyre s'exhalant sous l'horrible etreinte des betes du
cirque.
En quittant cet, amphitheatre, je suivis, dans le desert, un chemin
jonche de mosaiques des marbres les plus precieux, de verroteries, de
tessons de vases etrusques et de gravats de platre encore revetus des
tons de la fresque antique. Je ramassai un assez beau fragment de terre
cuite, representant le combat d'un lion et d'un dragon. Je dedaignai de
remplir mes poches d'autres debris; il y en avait trop pour me tenter.
La colline n'est qu'un amas de ces debris, et la pluie qui lave les
chemins en met chaque jour a nu de nouvelles couches. Ce sol, quoique
souvent fouille en divers endroits, doit cacher encore des richesses.
Le plateau superieur est une vaste bruyere. C'etait jadis, probablement,
le beau quartier de la ville, car ce steppe est seme de dalles on de
moellons de marbre blanc. Le chemin etait, sans doute, la belle rue
patricienne. Des fondations de maisons des deux cotes attestent qu'elle
etait etroite, comme toutes celles des villes antiques. Au bout de cette
plaine, le chemin aboutit au theatre. Il est petit, mais d'une jolie
coupe romaine. L'orchestre, les degres de l'hemicycle sont entiers,
ainsi que la base des constructions de la scene et les march
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