lere les battements de mon
coeur, et, desir ou affection, sympathie ou caprice, je me sens envahi
par quelque chose d'irresistible.
Je vins a bout, cependant, de me raisonner. Si c'etait la, en effet,
la residence de la _stiratrice_ et que cette jeune fille fut honnete,
devais-je m'engager plus avant dans une visite qui pouvait lui attirer
des chagrins ou des dangers? Et, si elle n'etait qu'une vulgaire
intrigante, qu'allais-je faire en donnant, bien que dument averti, tete
baissee dans un guepier? De toutes manieres, la raison me disait de fuir
avant que les commeres du voisinage m'eussent apercu.
Je m'arretai a une solution passablement absurde, qui etait d'explorer
consciencieusement l'interieur de cette grande vilaine batisse, ou
je supposais que la pimpante soubrette de miss Medora devait habiter
quelque affreux bouge. Quand j'aurai surpris la, pensai-je, la hideuse
malproprete qui m'a fait reculer devant des maisons de meilleure
apparence, je serai si bien gueri de ma fantaisie, qu'elle ne mettra
plus en peril ni le repos de cette fille ni le mien.
Je quittai donc la plate-forme; je rentrai dans l'interieur; je
commencai a gravir l'escalier, qui, jusque-la, n'etait, en| effet, qu'un
passage public, c'est-a-dire une _servitude_ commune a huit ou dix
maisons adjacentes, posees trop au bord de l'escarpement pour avoir
d'autre issue.
L'escalier, tout en moellons, dont plusieurs portaient des traces
d'inscriptions romaines, devenait de plus en plus rapide, etroit et
sombre. De temps en temps, je rencontrais un palier ou une echelle
conduisant a des portes cadenassees. Plusieurs c'etaient en si mauvais
etat, que je pus regarder a travers: c'etaient des chambres hideuses,
meublees d'un ou de plusieurs grabats enormes, de quelques chaises
de paille plus ou moins cassees, et de cette multitude de pots et de
cruches de toute matiere et de toute dimension qui sont ici le fonds du
mobilier.
Dans une piece plus vaste, egalement deserte et cadenassee, je vis une
grande table et un attirail de fer et de fourneaux..
--Bon! pensai-je, voila l'atelier de la _stiratrice_. Le local etait
tellement nu, qu'il n'y avait rien a conclure pour ou contre la proprete
qui pouvait y regner d'habitude.
Je montai encore. Mais comment se faisait-il que cette maison,
evidemment habitee, n'eut pas, en ce moment, une seule figure humaine a
me montrer, une seule parole humaine a me faire entendre? En passant
la tete par un des jours d
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