er de le faire vivre encore? demanda
Barthelasse.
--Ne dites donc pas de betises, repliqua Raphaelle.
--Enfin, voulez-vous que j'essaye? Pour vous il est perdu, n'est-ce pas?
--Assurement.
--Et cela vous tourmente; vous seriez tous les deux bien aises qu'il
restat notre president?
--Parbleu.
--Eh bien, laissez-moi faire.
--Quoi?
--Vous verrez. Puisqu'il est perdu, il n'y a rien a craindre, n'est-ce
pas? Si je reussis, il reste. Si au contraire j'echoue, il ne s'en ira
pas deux fois.
Une discussion s'engagea entre eux: Raphaelle etait agacee de voir
Barthelasse qu'elle considerait comme un parfait imbecile, faire
l'important; et de plus sa curiosite s'exasperait qu'il ne voulut pas
dire par quel moyen il comptait amener Adeline a ne pas donner sa
demission.
--Ce que vous allez faire de betises! dit-elle au moment ou il partait.
--C'est bon, nous verrons.
Il ne voulut pas davantage s'expliquer avec Frederic en revenant au
cercle.
--Puisque nous ne risquons rien, laissez-moi faire.
Dans ces conditions, Frederic n'avait qu'a chercher le nom qu'Adeline
lui avait demande, mais ce fut inutilement; ce joueur etait-il venu avec
une lettre d'invitation, car ces lettres continuaient a etre largement
distribuees un peu partout? avait-il ete amene par quelqu'un qui s'etait
dispense de la formalite du registre? toujours est-il qu'on ne
trouva rien. Aussi, quand Adeline arriva vers une heure, Frederic se
contenta-t-il de repondre simplement qu'il comptait avoir ce nom dans la
soiree.
Il n'y avait pas cinq minutes qu'Adeline etait dans son cabinet quand
Barthelasse frappa a la porte et entra:
--Puis-je vous dire quelques mots, monsieur le president?
Adeline voulut repondre qu'il etait occupe, puis il se resigna, se
disant qu'il aurait plus tot fait d'ecouter que d'econduire Barthelasse,
dont il connaissait la tenacite.
--Monsieur le president, dit Barthelasse en s'asseyant, me
permettrez-vous de vous demander si un bruit qu'on m'a rapporte est
fonde? Est-il vrai que vous seriez dans l'intention de donner votre
demission?
--Oui, cela est vrai.
Et pourquoi, je vous le demande... si vous le permettez?
--Parce qu'il se passe ici des choses qui ne peuvent pas convenir a un
honnete homme.
Barthelasse prit son ton le plus bonhomme, le plus insinuant:
--J'ai beaucoup voyage, monsieur le president, et dans mes voyages j'ai
entendu un mot qui m'a frappe c'est que la conscience est une mecha
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