FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158   159   160   161   162   163   164   165   166   >>  
gouverneur. Excusez, noble Morosini, la triste reflexion que je suis force de faire pour expliquer cette fantaisie. J'avais vu la, pour la derniere fois de ma vie, une personne dont la chaste et respectable amitie avait rempli ma jeunesse de joies et de souffrances egalement sacrees dans mon souvenir; j'eprouvais un douloureux besoin de revoir ces lieux temoins de sa longue agonie et de sa mort tragique. Je ne trouvai plus qu'un monceau de pierres a la place ou j'avais eprouve de si vives emotions, et celles qui vinrent m'y assaillir furent si terribles, que j'ignore comment j'eus la force d'y resister. Pendant plusieurs heures, j'errai parmi ces decombres, comme si j'eusse espere y trouver quelques vestiges de la verite; car, je dois le dire, des soupcons plus affreux, s'il est possible, que les certitudes deja acquises sur les crimes d'Orio Soranzo, remplissaient mon esprit depuis le jour ou j'avais appris l'incendie de San-Silvio et le malheur que cet evenement avait entraine. Je gravissais donc au hasard ces masses de pierres noircies, lorsque je vis venir, sur un sentier du roc abandonne aux chevres et aux cigognes, un vieux patre accompagne de son chien et de son troupeau. Le vieillard, etonne de ma perseverance a explorer cette ruine, m'observait d'un air doux et bienveillant. Je fis d'abord peu d'attention a lui; mais, ayant jete les yeux sur son chien, je ne pus retenir un cri de surprise, et j'appelai aussitot cet animal par son nom. A ce nom de Sirius, le levrier blanc qui avait eu tant d'attachement pour votre infortunee niece vint a moi en boitant et me caressa d'un air melancolique. Cette circonstance engagea la conversation entre le patre et moi. "Vous connaissez donc ce pauvre chien? me dit-il. Sans doute vous etes de ceux qui vinrent ici avec le commandant d'escadre Mocenigo? C'est un veritable miracle que l'existence de Sirius, n'est-ce pas, mon officier?" "Je le priai de me l'expliquer. Il me raconta que le lendemain de l'incendie du chateau, vers le matin, comme il s'approchait par curiosite des decombres, il avait entendu de faibles gemissements qui semblaient partir des pierres amoncelees. Il avait reussi a deblayer un amas de ces pierres, et il avait degage le malheureux animal d'une sorte de cachot qu'un accident fortuit de l'eboulement lui avait, pour ainsi dire, jete sur le corps sans l'ecraser. Il respirait encore; mais il avait une patte engagee sous un bloc et brisee: le patre souleva le b
PREV.   NEXT  
|<   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157   158   159   160   161   162   163   164   165   166   >>  



Top keywords:

pierres

 

decombres

 

vinrent

 

incendie

 
animal
 
Sirius
 

expliquer

 

melancolique

 

circonstance

 

caressa


Excusez

 
engagea
 

boitant

 

infortunee

 
connaissez
 

pauvre

 
conversation
 
retenir
 
surprise
 

attention


appelai

 

aussitot

 
attachement
 

levrier

 

Morosini

 
reflexion
 

triste

 

accident

 
cachot
 
fortuit

eboulement
 

malheureux

 
reussi
 
deblayer
 

degage

 

brisee

 

souleva

 

engagee

 
ecraser
 

respirait


encore

 
amoncelees
 

partir

 

existence

 

officier

 

miracle

 

veritable

 

commandant

 

escadre

 

Mocenigo